Chapitre 7: La Venue des Géants

La Venue des Géants de la Musique

 

Johann-Sebastian Bach

johannsebastianbachCompositeur allemand, il personnifie l’apogée de la musique baroque et peut être considéré comme le père de la musique occidentale dont Beethoven représente sans doute le sommet ainsi que le passage du classicisme au romantisme.
Il naquit à Eisenach en 1685, dans une famille de musiciens, sans doute la plus importante dans l’histoire de la musique. Dernier des huit enfants de Johann Ambrosius Bach, il reçut sa première éducation musicale de son père qui était violoniste. Sa mère mourut en 1694 et son père, l’année suivante. Il fut alors pris en charge par son frère Johann Christoph, élève de Johann Pachelbel et organiste à Ohrdruf où Jean-Sébastien fut mis au lycée. Il y poursuivit son éducation musicale sur les instruments à clavier. Très doué pour la musique et possédant l’oreille absolue, il recopiait et étudiait les œuvres de compositeurs allemands, italiens et français. En 1700, il partit à Lunebourg où il fit la connaissance d’un musicien français, Thomas de la Salle, élève de Lully et se familiarisa ainsi avec le style musical français dont celui de François Couperin.

En 1703, il se rendit à Weimar où sa réputation lui permit d’obtenir le poste d’organiste de l’église St Boniface d’Arnstadt, près de Weimar. Deux ans plus tard, il s’absenta durant quelques mois de son poste pour se rendre à Lubeck, parcourant une distance de 400 km à pied, pou y rencontrer Buxtehude, le grand maitre de l’orgue, qui eut une grande influence sur sa musique.
Vers 1707, il obtint un poste d’organiste à Muhlhausen et là il commença à composer ses cantates, d’abord à raison d’une par mois et plus tard, une par dimanche, ceci durant cinq ans jusqu’à son séjour suivant à Weimar où il demeura de 1708 à 1717. Entretemps, il avait épousé sa cousine Maria Barbara dont il eut sept enfants parmi lesquels Wilhelm Friedman et Carl Philipp Emmanuel. Il fut organiste et premier violon à la chapelle du duc de Weimar et composa des œuvres pour orgue et pour clavecin. C’est là qu’il fit plus ample connaissance avec la musique italienne de Corelli, Torelli et surtout Vivaldi dont il transcrivit pour clavecin et orgue, des concertos pour violon.

De 1717 à 1723, le prince d’Anhalt Kothen l’engagea comme maitre de chapelle à sa cour. Durant son séjour à Kothen, Bach composa des œuvres instrumentales pour flute, violon, clavecin dont le fameux « Clavier bien tempéré » et pour violoncelle (suites pour violoncelle seul) ainsi que les six célèbres « Concertos brandebourgeois » dédiés au margrave de Brandebourg. Bouleversé par la mort de sa femme Maria Barbara, il épousera néanmoins Anna Magdalena, un an et demi plus tard. C’est aussi à Kothen qu’il composa la « Passion selon Saint Jean ».

De 1723 jusqu’à sa mort en 1750, Bach fut Cantor de l’église luthérienne St Thomas de Leipzig, à la place de Georg Philipp Telemann qui avait refusé ce poste. Là, il enseignait la musique, le catéchisme et le latin et en sa qualité d’homme de foi, continuait à étudier la théologie. Il participa aux réunions musicales du « Café Zimmermann ». Il continua à composer ses cantates, « l’Offrande musicale », « l’Art de la fugue », des œuvres pour orgue, mais aussi la « Passion selon Saint Matthieu », le « Magnificat » et la grande « Messe en si mineur ».

L’œuvre de Bach est considérable et dans son abondance, compte une très grande quantité de chefs d’œuvre. Quoique baroque par la richesse ornementale de sa musique, il eut toujours le souci de la forme et le respect des règles harmoniques.

Mozart fut influencé par son œuvre lorsqu’il la découvrit en 1782 et ses dernières compositions en furent enrichies. Après avoir entendu ses motets,il s’exclama : « Ca alors, c’est quelque chose où il y a à apprendre ! ». Beethoven, qui avait joué les œuvres pour clavecin de Bach, fut aussi influencé par sa musique, par ce contrepoint arrivé à sa plus grande perfection et cet art de la fugue. De même, après que Mendelssohn ait fait exécuter en 1829, la « Passion selon Saint Matthieu », les grands compositeurs romantiques allemands tels que Schumann et Brahms, s’enrichirent de cet héritage. Même Wagner subit cette influence, particulièrement dans « Les Maitres Chanteurs de Nuremberg » et « Tristan et Isolde ».

Les Concertos pour violon en la mineur et en mi majeur BWV 1041 et 1042 sont inspirés du modèle italien, mais plus enrichis en contrepoint avec une opposition régulière entre les parties du soliste et de l’orchestre et des troisième mouvements vifs et rythmés. Le concerto pour deux violons en ré mineur BWV 1043 est proche de celui pour deux violons de Vivaldi, que Bach transcrivit pour orgue. Quant au concerto BWV 1060 pour violon et hautbois a ses premier et troisième mouvements bâtis sur de merveilleux thèmes pleins de tendresse et de profondeur avec un riche contrepoint. Les six « Concertos brandebourgeois » sont d’une grande diversité, tant par leur forme que par leur instrumentation, leur richesse de rythme et de mélodie. Il y a en eux une fusion des styles italien, français et allemand. A l’accompagnement orchestral constitué d’instruments à cordes, se rajoutent des hautbois et cors dans le premier, des flutes, trompettes et hautbois dans le second, des flutes et clavecin dans les 4e et 5e. Les quatre « Suites pour orchestre » comportent chacune, de six à dix mouvements différents nommés: ouverture, gigue, bourrée, menuet, sarabande… et la si célèbre badinerie avec flute virtuose qui conclut la deuxième suite. En ce qui concerne l’orchestration, s’ajoutent aux cordes, des hautbois, bassons et flutes, ainsi que des trompettes et timbales dans les 3e et 4e suites. Et comme le dit Lucien Rebatet dans son Histoire de la musique, ces « suites pour orchestre ouvrent à double battant la grande porte d’où va surgir toute la symphonie allemande ».

Dans le nombre impressionnant de ses œuvres vocales, le « Magnificat en ré majeur » BWV 243 débute par un chœur solennel et glorieux à cinq voix, introduit par un orchestre où dominent les trompettes, suivi d’une succession d’arias et de chœurs, dont » l’Et exsultavit » chanté par une voix d’alto accompagnée par le hautbois et le remarquable « Quia fecit mihi magna » chanté par une voix de basse, ainsi que d’autres arias et chœurs qui nous amènent jusqu’au triomphant Gloria final, qui reprend après une courte transition, le thème du début.

Les « Passions selon Saint Matthieu et Saint Jean » sont les seules qui nous sont parvenues, celles des deux autres évangélistes ayant été perdues en partie ou entièrement. La « Passion selon Saint Matthieu » comporte un plus grand nombre de morceaux que l’autre. Elle est plus majestueuse, avec deux chœurs et deux orchestres composés d’instruments à cordes et de flutes, hautbois et bassons ainsi qu’un orgue. Les deux Passions se concluent par un chœur accompagné par l’orchestre et qui chante une mélodie d’une infinie tendresse et profondeur.

Des Oratorios de Noel, Paques et Ascension, celui de Noel fait alterner, en introduction, les passages triomphants où trompettes et timbales scandent le rythme de l’orchestre, avec les flutes qui accompagnent les chœurs chantant les paroles sacrées annonçant l’heureuse nouvelle. La cantate profane « Tonet ihr Pauken » (frappez sur vos timbales) montre des ressemblances avec ce style. Cet oratorio est composé de six cantates qui célèbrent respectivement la naissance du Christ, l’annonce aux bergers et l’adoration, la visite des rois mages… L’Oratorio de Paques débute par une introduction orchestrale en ré majeur où résonnent trompettes, timbales, hautbois, bassons et cordes et après une suite d’arias en si mineur, se termine par un chœur triomphant.

Bach a composé un nombre impressionnant de Cantates dont il nous reste un peu plus de 200, la majeure partie étant des cantates sacrées et quelques cantates profanes comme la « cantate de la chasse », « Eole apaisé », etc. Pendant son séjour chez le duc de Weimar, il dut écrire une cantate par mois, mais quand il prit la succession de Kuhnau à la tète des quatre églises de Leipzig, on lui demanda d’en composer une par semaine. Généralement, elles débutent par un chœur d’entrée suivi d’airs et récitatifs, pour finir par un chœur. Mais certaines de ces cantates ont une structure différente comme par ex. « Meine Seufzer » BWV 13 qui commence par un air de ténor, suivi d’un morceau pour alto, puis d’un air de basse, tous accompagnés par un instrument solo, jusqu’au dernier choral accompagné par l’ensemble des cordes. La cantate de Noel « Ich habe genug » BWV 82 commence par une aria chantée par une voix de basse et un accompagnement au hautbois, instrument pastoral qui fait penser à la Nativité dans une crèche avec l’adoration des bergers. Ceci est un exemple de la diversité dans l’instrumentation de ces œuvres. Bach a utilisé aussi, à part les hautbois, les flutes, les trompettes et les cors, ce qui donne une coloration différente à chacune de ces cantates; paires de flûtes à bec et de violes dans la BWV106, basson dans la BWV150, violoncelle dans la BWV196, trompettes, timbales, flûtes à bec, deux hautbois, un basson et des cordes dans la BWV71, composée pour l’élection du Conseil Municipal, etc…
La Messe en si mineur, commencée en 1733, n’a été achevée qu’en 1749, peu avant sa mort. Composée pour deux sopranos, un contralto, un ténor, une basse avec chœur et orchestre, elle comporte des pages tirées de cantates antérieures mais retravaillées et refondues dans l’ensemble de l’œuvre qui garde une magnifique unité. C’est une œuvre magistrale écrite dans le rite catholique, parce que dédiée à un souverain catholique, bien qu’au fond de lui-même, Bach est resté luthérien. De la supplication du Kyrie, à la conclusion éclatante du Credo, où les trompettes accompagnent « l’Expecto resurrectionem mortuorum » cette Messe en si est une des plus grandes oeuvres religieuses de l’Histoire de la musique.

Pour finir, il faut citer encore une considérable œuvre pour orgue, constituée de chorals, toccatas et fugues, préludes et fugues, une passacaille et fugue, une œuvre pour clavecin dont le « Clavier bien tempéré », les « Variations Goldberg », « L’Offrande musicale » ainsi que des concertos pour clavecin et orchestre où le clavecin est parfois remplacé par le piano et les fameuses « Suites pour violoncelle seul » et pour « violon seul ». On peut dire que Bach, par l’ampleur et la diversité de son œuvre dépasse la période baroque et empiète sur les autres grandes périodes de la musique que sont le classicisme et le romantisme.

Haut de page  

Georg Friedrich Haendel

georgfriedrichhandelCompositeur allemand (plus tard naturalisé anglais) il naquit à Halle en 1685, la même année que Jean-Sébastien Bach. Son père voulait qu’il devienne juriste, mais sa mère, constatant ses dons pour la musique, l’encouragea à faire des études dans cet art. Il prit alors des cours auprès de l’organiste Zachow qui lui apprit à jouer de l’orgue, du clavecin et du violon. En 1702, il fut engagé à la cathédrale de Halle et fit la connaissance de Telemann.

Il s’installa à Hambourg où il fit la connaissance d’un musicien réputé à cette époque, Johann Mattheson qui l’aida dans sa carrière musicale. Ils allèrent ensemble à Lubeck pour rencontrer Dietrich Buxtehude. En 1706, Haendel partit pour l’Italie où il demeura trois ans entre Rome, Florence, Naples et Venise. Il y rencontra plusieurs musiciens célèbres comme Arcangelo Corelli, Alessandro et Domenico Scarlatti ainsi que Bononcini et Pasquini.

En 1710, il quitta l’Italie pour retourner en Allemagne, à Hanovre où l’électeur Georges-Louis lui avait proposé le poste de maitre de chapelle. Au cours d’un voyage à Londres, il fit jouer plusieurs de ses œuvres qui furent bien accueillies. Il y retourna en 1712 pour s’y installer définitivement. Il prit la nationalité britannique en 1726. Auparavant, il avait composé la fameuse suite orchestrale « Water music »(1717) des concertos et des suites pour clavecin en 1720. Il participa à la création de la Royal Academy of Music et composa des opéras remarquables dont « Giulio Cesare » et « Rodelinda ». En 1730, il revint à Halle voir sa mère qui devait mourir peu de temps après. Johann-Sébastian Bach l’invita à venir le voir, mais pressé de retourner en Angleterre, Haendel ne le rencontra jamais. Cette même année, il commença à composer des oratorios en anglais. En 1739 furent représentés « Saul » et « Israel en Egypte » au King’s Theatre de Londres, un an plus tard « L’Allegro, il Pensieroso e il Moderato » et en 1742, le plus célèbre de ses oratorios « Le Messie » qui fut représenté au New Music Hall de Dublin. Pour le décès de la reine Catherine qui l’avait beaucoup soutenu, il composa en 1737 un « Funeral Anthem » en hommage à la souveraine. En 1749, fut représentée la « Musique pour les feux d’artifice royaux » pour célébrer la fin de la guerre de succession d’Autriche. Comme Jean-Sébastien Bach, il subit une opération de la cataracte par le même médecin anglais, mais l’opération ne réussit pas et il devint aveugle. En véritable homme de foi, ses dernières œuvres furent des oratorios. Il mourut en 1759 après de nouvelles attaques paralysantes, comme il en avait eu auparavant.

Haendel fut un compositeur d’une très grande fécondité. De sa quarantaine d’opéras écrits dans la tradition italienne du « dramma per musica », on peut retenir certains comme « Rinaldo »(1711), « Il pastor fido » (1712), « Ottone »(1723) « Giulio Cesare in Egitto »(1724) avec l’aria de César « Va tacito e nascosto » accompagné par le cor et le très célèbre « Ombra mai fu », « Rodelinda »(1725) et l’aria mélodieuse « Dove sei », « Alcina »(1735) avec son aria gracieuse et rythmée « Tornami a vagheggiar », « Serse »(1738) mais cette liste ne peut être considérée comme exhaustive. « On trouve dans ses operas, une alternance tension-détente, action-réflexion, vif-lent » (Ph.Venturini). Plus marquants dans son œuvre, peuvent être considérés ses oratorios. Depuis « Acis and Galatea » représenté en 1718 à Londres, « Saul » et « Israel en Egypte » en 1739, qui comporte des chœurs doubles où l’on entend la voix de Moise et celle du peuple,  »L’Allegro, il Pensieroso e il Moderato » inspiré de l’œuvre du poète anglais John Milton (1740) on arrive à celui qui est le plus célèbre, « Le Messie » dont on connait le fameux « Alleluia » de la fin mais qui comporte d’autres magnifiques chœurs et arias comme « Why do the nations » chanté par une basse avec trompettes dans l’accompagnement, « And the Glory of the Lord » ainsi que le majestueux chœur qui termine l’oratorio. Il faut citer aussi « Solomon » et le morceau orchestral plein de fougue et de grandeur qui annonce l’entrée de la reine de Saba, « Israel en Egypte » et ses choeurs majestueux, « Hercules » et le magnifique choeur de la fin du 1er acte, « Semele » avec son choeur final qui nous emporte. Dans sa musique instrumentale, il y a les suites orchestrales « Water music » et « Fireworks music » qui, comme les suites de Bach, comportent plusieurs mouvements (ouverture, air, menuet, bourrée, hornpipe…) mais sont conçues pour être exécutées par un plus grand orchestre. Le caractère de ces morceaux est souvent majestueux car ils doivent rendre l’atmosphère d’apparat de la cour royale anglaise. Il y a aussi les concertos pour orgue et orchestre, pour hautbois et orchestre, douze concertos grossos, des sonates en trio et des pièces pour clavecin.

Beethoven considérait Haendel comme le plus grand compositeur de tous les temps. « Voici la vérité! » dit-il en montrant l’édition complète des œuvres de Haendel qu’il avait reçues. Mozart voulu se faire une collection de ses fugues et Joseph Haydn avait déclaré: « Haendel est notre maitre à tous ».


← Chapitre 6 Chapitre 8 →
Back to top

3 Responses to “Chapitre 7: La Venue des Géants”

  1. Françoise (40) 21 novembre 2010 at 23 h 27 min # Répondre

    Bonsoir cher Roberto,
    BACH est très certainement le « préféré » de mon mari. Aujourd’hui, il n’a souhaité entendre que du Bach. Il me faisait remarquer qu’à sa connaissance Bach n’avait pas composé de symphonies. Je vous ai donc aussitôt « consulté » et, sauf erreur de ma part, effectivement, je n’en vois pas. La question de Roland, était « pourquoi pas de symphonies ? ».
    En espérant que vous avez plus de soleil que nous, je vous embrasse tous les deux.
    Françoise

  2. Livadiotti Roberto 22 novembre 2010 at 19 h 45 min # Répondre

    Chère Françoise,
    Je comprends votre mari.Avec l’âge,j’apprécie de plus en plus Bach.Mais à son époque,la symphonie n’existait pas encore. Même Haendel n’en a pas composé.Elle a été inaugurée par un certain Sammartini que je pense avoir mentionné dans mon Histoire et dont on ne connait pas grand chose.La Symphonie a été développée par Haydn et Mozart et a connu son apogée avec Beethoven.Je vous embrasse aussi.
    Roberto

  3. Françoise (40) 22 novembre 2010 at 22 h 06 min # Répondre

    Merci infiniment cher Roberto. A bientôt.
    Excellente soirée.
    Françoise

Laisser un commentaire


2 × = 6