Chapitre 18: Musique Lyrique

L’Apogée du Romantisme dans la Musique Lyrique

Est-ce par une ironie du sort ou bien par la volonté divine que les deux plus grands compositeurs de musique lyrique, Giuseppe Verdi pour l’Opéra et Richard Wagner pour le Drame musical soient tous deux nés en 1813?
Bien qu’ils ne se soient jamais rencontrés, chacun d’eux était au courant de l’existence de l’autre et bien que souvent, les partisans de l’un aient été les détracteurs de l’autre, aujourd’hui, les œuvres de ces deux grands compositeurs figurent toujours à l’affiche des théâtres d’opéra du monde entier.

 

En Italie: Giuseppe Verdi

giuseppeverdiLe plus grand compositeur romantique italien, naquit en 1813 aux Roncole, petit village situé près de Busseto, entre Parma et Piacenza, la région étant encore sous domination napoléonienne et c’est pourquoi son acte de naissance fut rédigé en français. Son père, Carlo Verdi était aubergiste et sa mère fileuse. Il fit ses études classiques au collège de Busseto, mais, attiré par la musique, il fut inscrit par son père à l’école de Provesi, qui lui enseigna l’harmonie et la composition. Le jeune Verdi jouait de l’orgue à l’église et donnait des concerts de piano. En 1828, il composa une petite symphonie inspirée de Rossini, une cantate pour baryton et un « Stabat Mater ». Les autrichiens, ayant repris possession de la région après la défaite de Napoléon, Verdi obtint par l’intercession de l’archiduchesse Marie-Louise d’Autriche, une bourse d’études pour le Conservatoire de Milan. Là, il eut l’amère déception d’être refusé par le Conservatoire, surtout parce qu’il avait dépassé l’âge. Il suivit alors les cours du professeur de solfège de la Scala, Vincenzo Lavigna, travailla des fugues et des canons, mais put se plonger dans le milieu du prestigieux théâtre. En 1834, il dirigea « La Création » de Joseph Haydn et la « Cenerentola » de Rossini. L’année suivante, ses études musicales terminées, il retourna à Busseto où il donna des concerts à La Filarmonica. En 1836, il épousa Margherita Barezzi, la fille de son bienfaiteur. Ils eurent deux enfants, une fille et un garçon, qui, malheureusement moururent tous deux à un peu plus d’un an d’âge.
En 1839, Verdi avait terminé son premier opéra « Oberto », inspiré d’un roman de Walter Scott. Il retourna à Milan pour suivre les répétitions de son ouvrage qui fut représenté à la Scala avec succès. Merelli, l’imprésario de la Scala voulait aussi une « opéra buffa », au moment où le compositeur perdait sa femme après avoir perdu ses deux enfants. Rongé par le désespoir, il écrivit quand même son second opéra « Un giorno di regno » qui n’eut aucun succès. Il songeait à mettre fin à sa carrière, lorsque Merelli insista pour qu’il compose un nouvel ouvrage sur le thème biblique de « Nabuchodonosor ». Verdi se mit au travail et écrivit son « Nabucco » qui fut représenté à la Scala en 1842 avec un succès triomphal, parce que, mis à part les qualités de l’ouvrage, le fameux chœur « Va pensiero… » chanté par les Hébreux opprimés, devint pour les italiens un chœur patriotique, symbole de la lutte pour se libérer de la domination autrichienne et Verdi devint l’une des plus grandes figures de la lutte pour l’unité italienne.
Après Nabucco, suivirent « I Lombardi » en 1843, représenté à Florence, « Ernani » (1844) à Venise, tiré du drame de Victor Hugo, quatre opéras peu connus, puis « Macbeth »(1847) à Florence, d’après Shakespeare, son premier grand opéra, « Luisa Miller »(1849) à Naples et la célèbre trilogie « Rigoletto » (1851) d’après « Le roi s’amuse » de Victor Hugo, qui lui intentera un procès pour avoir mis de la musique sur son texte, « Il Trovatore »(1853) à Rome, « La Traviata » (1853) à Venise, d’après « La dame aux camélias » d’Alexandre Dumas fils, qui n’eut pas de succès à sa première représentation à Venise. Le succès vint l’année suivante. Verdi eut la profonde douleur de perdre sa mère en 1851. Il commença à avoir une liaison avec la cantatrice Giuseppina Strepponi qu’il épousa plus tard. Les « Vespri Siciliani » furent représentés à Paris en 1855. De Paris, Verdi et sa « Peppina » retournèrent à Sant’Agata où le compositeur avait installé sa famille. La représentation de « Simone Boccanegra » à Venise, en 1857, fut un échec, mais celle de Naples, l’année suivante, fut une réussite. « Un ballo in maschera » représenté à Rome en 1859, remporta un succès triomphal. Pour « La forza del destino » Verdi, qui n’aimait pas trop voyager, dut se déplacer jusqu’à Saint Petersbourg pour la représentation en 1862 et il eut les ovations du public.
En 1867, le compositeur se rendit à Paris pour la première de « Don Carlo » tiré d’un drame de Schiller. Le succès ne vint pas de suite, mais aux représentations suivantes. La même année, son père mourut et quelques mois plus tard, son « second père » Barezzi. En 1870, le Khedive d’Egypte voulut commander un ouvrage pour l’inauguration du Canal de Suez et de l’opéra du Caire. Il s’adressa aux trois maitres de l’opéra, Verdi, Wagner et Gounod. Verdi accepta l’offre et composa « L’Aida » sur un livret de Camille du Locle, traduit en italien par Ghislanzoni. L’œuvre fut représentée au Caire en 1871 avec un grand succès. Après son « Requiem » (1874) à la mémoire de Manzoni, il y eut « Othello » sur un livret de Arrigo Boito inspiré de la pièce de Shakespeare et représenté à la Scala en 1887 avec un succès éclatant et « Falstaff »(1893) inspiré des « Joyeuses Commères de Windsor » de Shakespeare. Verdi mourut en 1901. Ses obsèques rassemblèrent plusieurs milliers de personnes, alors qu’un orchestre dirigé par le jeune Arturo Toscanini jouait « Va pensiero ».
Les Opéras: « Nabucco » contient quelques beaux chœurs dont le fameux « Va pensiero sull’ali dorate » au 3e acte, le motif ayant été déjà annoncé dans l’ouverture. Dans « I Lombardi« , un magnifique chœur « Jerusalem », des croisés, se préparant à prendre d’assaut Jérusalem, aurait également servi de symbole patriotique aux italiens pendant la guerre d’indépendance. « Macbeth » qui est probablement le premier chef d’œuvre de Verdi, est tiré de la pièce de Shakespeare, sur un livret de Francesco Maria Piave. Il raconte comment Macbeth, général dans l’armée du roi d’Ecosse, Duncan, averti par les sorcières qu’il va devenir roi et poussé par sa femme Lady Macbeth, assassine Duncan. Au second acte, après l’air de la Lady « La luce langue », remarquons la scène du banquet(Brindisi) « Si colmi il calice » où son chant nerveux et rythmé est repris par le chœur des invités. Le 3e acte, se déroule dans une caverne où les voix d’outre-tombe et les chœurs fantastiques des sorcières sont suivis d’un ballet magistral. Au dernier acte, après la scène de somnambulisme de Lady Macbeth, les soldats écossais, conduits par Malcolm (fils de Duncan) et Macduff, marchent sur Macbeth pour le tuer, cachés sous des branches d’arbres, pendant que l’orchestre joue une splendide fugue et tuent le tyran. « Rigoletto » tiré de la pièce de Victor Hugo « Le roi s’amuse » raconte les aventures amoureuses du duc de Mantoue (au lieu de François Ier dans la pièce) aidé par son bouffon, le bossu Rigoletto. Maudit par le comte de Monterone, ce dernier découvrira avec horreur, sa fille assassinée. Au 1er acte, la musique alerte et gaie du début est suivie par l’air du duc « Questa o quella », la scène dramatique de la malédiction de Rigoletto. Au 2e acte, citons l’air du baryton Rigoletto « Parmi veder le lacrime » puis le magistral « Cortigiani, vil razza dannata » accompagné par une orchestration flamboyante et au dernier acte, le très connu « La donna è mobile » et pour finir, le magistral quatuor « Bella figlia dell’amore » où ressortent les différents sentiments de chaque personnage. « Il Trovatore« , sur une intrigue obscure, contient des passages pleins de verve et de passion avec des rythmes très variés. Notons au 1er acte, l’air de Leonora « Tacea la notte placida », au 2e acte le fameux chœur de l’enclume chanté par les gitans « Vedi le fosche notturne spoglie », l’air Azucena « Stride la vampa », au 3e acte le chœur puissant et magnifique des soldats « Or coi dadi », l’air de Manrico « Di quella pira » repris avec passion par les chœurs de ses hommes et au dernier acte, le très fameux « Miserere » chanté en sourdine par le chœur dans la tour où va mourir Leonora. « La Traviata » commence par un bref prélude dans lequel on entend le thème du chant d’amour de Violetta « Amami Alfredo ». Le premier acte commence avec une musique gaie et fortement rythmée, à laquelle suit le très célèbre Brindisi « Libiamo nei lieti calici ». L’acte se termine par la romance « Di quell’amor » repris en duo par les deux amoureux, suivi de l’air de bravoure « Sempre libera » de Violetta. Au 2e acte, Alfredo chante son désir d’aimer Violetta « Dei miei bollenti spiriti ». Arrive le père d’Alfredo (baryton) qui chante les très beaux airs « Pura siccome un angelo » et « Di Provenza il mar il suol ». Il voudrait éloigner Violetta la dévoyée (Traviata) de son fils. Dans la 2e partie, vient la scène poignante du jeu de cartes, accompagnée par un puissant suspense orchestral. Au 3e acte, Violetta, malade, chante « Addio del passato » et meurt à la fin de l’acte. « Simone Boccanegra« , l’histoire d’un doge de Venise, contient moins d’air mélodieux que les opéras précédents, mais il y a déjà un progrès dans la continuité de la musique et la finesse et la puissance de l’orchestration. La scène finale du 1er acte, qui se déroule dans la Salle du Conseil est remarquable par sa puissance dramatique. « La Forza del Destino » débute par une ouverture célèbre, qui commence par les trois coups du destin et contient le thème de l’aria « Madre pietosa Vergine » de Leonora au 2e acte, suivi du motif de Don Alvaro, au 4e acte. Le 2e acte, le plus beau et le plus long de l’opéra commence dans une auberge en Espagne où toute une compagnie chante des chœurs exaltants, jusqu’à l’entrée de Leonora qui entonne son très beau « Madre, pietosa Vergine ». Suit la magnifique scène où Leonora implore la prière des moines du monastère, pour enlever la malédiction proférée par son père et le puissant et dramatique chœur des moines « Il Santo speco ». Au dernier acte, notons l’air sublime de Leonora « Pace, pace, mio Dio ». « Don Carlo » est un opéra grandiose, dans lequel on remarquera la dramatique scène de « l’autodafé » au 3e acte et la première scène du 4e acte, l’une des plus belles de l’œuvre de Verdi avec l’aria de basse « Ella giammai m’amo » et « O Don fatale ». « Aida« , l’œuvre la plus spectaculaire de Verdi, commence par un bref et très beau prélude dont le thème principal est celui d’Aida, esclave éthiopienne, amoureuse de Radamès, capitaine de la garde égyptienne. Malgré sa victoire sur les ethiopiens, Radamès sera accusé de trahison pour avoir révélé ses plans à Aida. Au premier acte, notons l’air de Radamès « Celeste Aida » et dans la 2e scène, la danse des prêtresses sur une musique à caractère oriental avec des demi-tons. Le chœur solennel des prêtres « Nume custode e vindice » se termine en apothéose. Au 2e acte scène 2, les trompettes annoncent la victoire et après un ballet remarquable, viennent le chœur triomphal « Gloria all’ Egitto » et la célèbre marche. Au 3e acte, dans la scène du Nil, remarquons l’air pathétique d’Aida « O patria mia » et au dernier acte, après la sinistre scène de la condamnation des amants, le sublime duo de la fin « O terra addio ». « Otello » d’après la pièce de Shakespeare est un chef d’œuvre de continuité de la musique où l’orchestre décrit la tempête, au début du premier acte et accompagne magistralement l’air à boire d’Otello « Inaffia l’ugola ». Au 2e acte, il y a l’air magnifique de Iago (basse) « Credo in un Dio crudel ». Au dernier acte, sont remarquables la sublime prière de Desdémona « Ave Maria » et la grandiose et dramatique mort d’Othello « Niun mi tema ». « Falstaff« , dernier chef d’œuvre de Verdi, d’après « Les joyeuses commères de Windsor » de Shakespeare encore, comprend peu d’airs connus mais l’orchestration est splendide, variée et encore plus fluide et continue que dans Otello. L’opéra finit sur l’air « Tutto il mondo è burla » et par une fugue.
Le Requiem composé par Verdi à la mémoire du poète et écrivain italien Alessandro Manzoni, est une œuvre magistrale devenue très célèbre.

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En Allemagne: Richard Wagner

richardwagnerConsidéré comme le plus grand compositeur romantique allemand après Beethoven et même comme l’un des plus grands compositeurs de l’Histoire de la musique, Richard Wagner naquit à Leipzig le 22 mai 1813. Son père étant mort quelques mois après sa naissance, sa mère épousa un acteur, Ludwig Geyer. Le jeune Richard, passionné par le théâtre et soutenu dans sa passion par Geyer, s’inscrivit à l’Université de Leipzig en 1831. Mais après avoir découvert la musique, les œuvres de Mozart, Beethoven et Weber, il décida de devenir musicien.
Bien que n’ayant commencé ses études musicales qu’à l’âge de quinze ans, à peine trois ans plus tard, en 1831, il composa une symphonie et des ouvertures et en 1833, il acheva son premier opéra « Die Feen » (Les fées) dans un style très proche de Weber. Il s’était aussi passionné pour la musique de Bellini. En 1836, alors qu’il avait obtenu un poste de directeur musical à Wurzbourg et à Magdebourg, il composa son second opéra « Das Liebersverbot » (La défense d’aimer) inspiré de la pièce « Mesure pour mesure » de Shakespeare. Cette même année, Richard Wagner épousa une actrice, Minna Planer et ils s’installèrent à Riga où le compositeur avait eu un poste de directeur musical. Mais le mariage ne fut pas très heureux. En 1839, ils durent quitter Riga, à cause des dettes accumulées et prirent le bateau pour Londres. Au cours de la traversée, ils essuyèrent une tempête dont le souvenir inspira plus tard à Wagner le sujet du « Vaisseau fantôme ». Après un séjour peu fructueux à Paris, ils revinrent s’installer à Dresde, en Allemagne et c’est là que le compositeur fit représenter l’opéra « Rienzi » en 1842 et remporta un grand succès. Il exerça la charge de chef d’orchestre du théâtre de la ville et composa ses premiers chefs d’œuvre « Der Fliegende Hollander (Le Vaisseau fantôme) en 1843 et « Tannhauser » en 1845. Ce dernier opéra remporta un succès limité à une élite de wagnériens fanatiques. Mais à cause de son engagement avec des anarchistes, dont le russe Bakounine, Wagner, poursuivi par les autorités, dut fuir à Zurich, en Suisse, avec l’aide de Franz Liszt dont il était devenu l’ami.
En 1850, Franz Liszt dirigea la représentation de « Lohengrin » à Weimar. Wagner, interdit de séjour en Allemagne, ne put y assister. Installé à Zurich avec sa femme Minna, il écrivit des traités sur la musique « L’œuvre d’art de l’avenir », « Opéra et drame » et un pamphlet « Le judaïsme dans la musique ». En même temps, il fut influencé par la philosophie pessimiste de Schopenhauer. Il commença à travailler sur la Tétralogie « L’anneau du Nibelung », de façon disparate, commençant d’abord par « La mort de Siegfried ». Ce n’est qu’en 1854 qu’il acheva « L’Or du Rhin » et travailla ensuite sur « La Walkyrie », mais, trois ans plus tard, alors qu’il n’avait pas encore achevé « Siegfried », il laissa de coté la Tétralogie et commença à écrire « Tristan und Isolde ». Il fit la connaissance des Wesendonck, riche famille d’origine allemande installée en Suisse. Il fut aidé financièrement par Otto Wesendonck, mais avec le temps, il tomba amoureux de la femme de son hôte, Mathilde, pour laquelle il écrivit des lieder sur des paroles de cette dernière. Vers cette époque, il reçut la visite de Hans von Bulow (qu’il avait formé comme chef d’orchestre) et de sa jeune femme Cosima, fille ainée de Liszt. En 1858, sa liaison avec Mathilde Wesendonck dut être interrompue par l’intervention intempestive de sa femme Minna. « Tristan und Isolde » fut achevé à Lucerne en 1859.
En 1860, Wagner retourna à Paris où le rejoignit Minna. L’année suivante, « Tannhauser » fut représenté dans la capitale française et déclencha une bagarre entre les membres du Jockey-Club qui sifflaient l’œuvre parce qu’il n’y avait pas de ballets et les chauds partisans du compositeur, dont le poète Baudelaire. En 1862, il termina « Die Meistersinger von Nurnberg » (Les Maitres-Chanteurs de Nuremberg). Il se sépara définitivement de Minna et se rapprocha de Cosima von Bulow. Il passa quelque temps à Vienne pour les répétitions de Tristan qui ne put être représenté à cause des difficultés d’exécution. De retour en Allemagne, il reçut un message du jeune roi Louis II de Bavière, admirateur passionné de sa musique, qui l’appelait auprès de lui, pour qu’il puisse « déployer les ailes puissantes de son génie ». Wagner se rendit de suite à Munich auprès du roi, qui le combla de bienfaits. Il fut rejoint par Cosima, qui devint sa maitresse et l’épousa par la suite et par Hans von Bulow, le mari délaissé, qui devenait chef d’orchestre à l’Opéra. « Tristan » y fut représenté en 1865 et « Les Maitres Chanteurs » en 1868. Mais en 1866, le roi de Bavière, poussé par ses ministres qui lui reprochaient les dépenses énormes causées par le compositeur, dut malgré lui, demander à son « sublime et divin ami » de quitter Munich. Wagner s’installa en Suisse, à Tribschen sur le lac de Lucerne avec Cosima. C’est là qu’il composa ses « Maitres Chanteurs » et reçut les visites de Nietzsche et de Gobineau. En 1872, commença la construction du Théâtre de Bayreuth, que le compositeur voulait pour la représentation de ses œuvres. En 1876, eut lieu la première représentation de la « Tétralogie » devant l’empereur Guillaume Ier et une grande foule d’auditeurs venus de plusieurs pays. Le succès fut éclatant, mais le déficit énorme. Richard et Cosima partirent avec le fils qu’ils avaient eu, Siegfried, en Italie, à Naples, à Sienne, où il travailla sur son dernier ouvrage « Parsifal » qui fut terminé à Palerme et représenté à Bayreuth en 1882. Les Wagner s’installèrent à Venise, au Palais Vendramin sur le Grand Canal et c’est là que le « maestro », comme l’avaient appelé les Vénitiens, mourut d’une crise cardiaque en 1883. Transporté dans une gondole, il eut des funérailles grandioses. En apprenant sa mort, Verdi s’était exclamé: « Triste, triste, triste…! »
Opéras et drames lyriques:Rienzi » est rarement représenté, mais l’ouverture est très belle, malgré certains passages un peu pompeux. Elle contient le thème de la « prière de Rienzi », son thème personnel et le tumulte du combat des nobles et au début du 5e acte, la magnifique prière du tribun qui rêvait de redonner à l’Italie, un peu de sa puissance du passé de Rome. « Der Fliegende Hollander » (Le Vaisseau Fantôme): L’ouverture est un très beau morceau de concert, qui résume tout l’opéra. Elle commence par un motif orageux, duquel émerge le puissant thème du Hollandais Volant, suivi par la Ballade de Senta et de la musique du chœur des marins, mais les thèmes de l’océan et de la tempête, reviennent souvent et dominent l’ouverture. Au 1er acte, notons l’air « Die Frist ist um » (L’heure a sonné); au 2e acte, le si gracieux chœur des fileuses et la « Ballade de Senta » et au 3e acte, le chœur martial et plein d’énergie des marins qui chantent et qui dansent. « Tannhauser » raconte l’histoire d’un chevalier-troubadour, amoureux d’Elisabeth, belle et vertueuse. Il se laisse tenter par Vénus, mais Elisabeth parvient grâce à ses prières, à le ramener sur le droit chemin. La magnifique ouverture, également pièce de concert, commence par le thème du chœur des pèlerins, qui prend de l’ampleur jusqu’au paroxysme, puis laisse la place au motif du Venusberg et à celui des chevaliers qui menacent Tannhauser pour son infidélité; elle finit sur le retour du thème des pèlerins. Les plus beaux passages, sont, au 2e acte, l’air d’Elisabeth « Dich teure Halle », l’entrée et le chœur des invités « Freudich begrussen » dans la salle des chanteurs à la Wartburg, précédée par une belle et imposante marche; au 3e acte, le célèbre chant de Wolfram à l’étoile du soir « O du mein holder, Abendstern » et enfin le dialogue de Tannhauser et de Wolfram, suivi par l’arrivée des pèlerins chantant en chœur. « Lohengrin« : Le prélude est une musique de caractère quasiment mystique, qui porte à l’élévation de l’âme. Les cordes vont vers les notes élevées qui symbolisent le Saint Graal, puis culminent sur quelques accords puissants, où les trompettes annoncent l’arrivée du roi. Elsa, accusée d’un crime, doit choisir un chevalier qui, pour l’innocenter, doit gagner un combat. Au 1er acte, pendant que l’orchestre joue le motif du Graal, un chevalier revêtu d’une armure étincelante apparait debout sur une barque tirée par un cygne. C’est Lohengrin qui va sauver Elsa en battant son accusateur, Frédéric de Telramund. L’acte 3 commence par un prélude vif et puissant, suivi par la très célèbre marche nuptiale avec chœur, pour célébrer le mariage de Lohengrin et d’Elsa et suit un tendre duo d’amour. L’opéra se termine par la mort d’Elsa et le départ de Lohengrin, pendant que l’orchestre joue le motif du Graal. « Tristan und Isolde » représente une étape importante dans l’Histoire de l’art lyrique, car c’est à partir de cette œuvre que l’on peut commencer à parler de « drame musical » plutôt que d’opéra et que Wagner emploie fréquemment le « chromatisme » ou la gamme à douze tons. Le prélude expose les différents motifs utilisés dans l’ouvrage, ceux de Tristan, d’Isolde, de l’amour, du philtre d’amour, du regard, de l’élan passionné… Au 2e acte, dans la scène d’amour, la musique croit en intensité, pendant que les thèmes de l’amour, de l’ardeur et de l’élan passionné se mêlent à celui d’Isolde jusqu’au paroxysme. A la fin du dernier acte, se situe la très célèbre « Mort d’amour d’Isolde » (Liebestod) où le chant de mort s’élève doucement pendant que le motif de l’élan passionné se mêle à ce chant, croit en puissance, éclate en fortissimo, puis diminue à la fin, tandis qu’Isolde expire. « Die Meistersinger von Nurnberg » (Les Maitres Chanteurs de Nuremberg) est une œuvre magnifique, empreinte de lyrisme, de joie et de passion. Son ouverture est aussi un remarquable morceau de concert qui commence par le thème puissant des Maitres Chanteurs, suivi d’un motif lyrique, interrompu par la Marche des Maitres; suivent les motifs de la Confrérie et du chant du concours, de Walther qui a obtenu le prix, et qui finit par se combiner avec la Marche des Maitres et le thème de la Fraternité de l’Art. Le 1er acte commence dans l’église de Sainte Catherine de Nuremberg où la confrérie chante un choral. Puis vient l’imposante entrée des Maitres Chanteurs nommés à tour de rôle. Pogner (basse) chante un magnifique passage, dans lequel il dit qu’il offrira la main de sa fille Eva au gagnant du concours « Das Schone Fest, Johannistag » (Cette belle fête de la Saint Jean). Au 2e acte, pendant que Pogner évoque devant sa fille Eva, le concours du lendemain, on entend le thème majestueux et imposant de Nuremberg. Hans Sachs (basse) se laisse aller à une méditation poétique « Wie duftet doch der Flieger » pendant que l’on entend le thème du printemps, dans un chant d’une grande beauté. L’acte se termine par une mêlée générale des habitants du quartier, réveillés par le bruit, dans un chœur magistralement fugué. Le 3e acte commence par un prélude très lyrique, qui joue le thème de l’émotion de Sachs « Wahn », qui débute doucement et prend de l’ampleur. Son chant suit: « Wahn, wahn! Ueberall wahn! » (Fous, fous, ce sont tous des fous!) et finit par le puissant et splendide motif de Nuremberg. Une autre scène magnifique est celle de l’entrée des Maitres, alors que résonne leur motif, suivi de la Marche, du chant de Walther, des acclamations de la foule pour sa victoire et du dernier discours de Hans Sachs qui chante la louange des Maitres et de leur Art. « Der Ring des Nibelungen » (L’Anneau du Nibelung) est composé de quatre drames lyriques dans lesquels on trouve un grand nombre de Motifs conducteurs (Leitmotive) qui représentent les différents personnages de la mythologie nordique, ainsi que les différentes situations. « Das Rheingold » (L’Or du Rhin): La 1e scène commence par le Motif du Rhin exprimé doucement par les cors dans un mouvement ondoyant, puis l’une des Filles du Rhin chante le Motif de ces dernières et au moment où, sur le fleuve brille une lumière dorée, on entend aux trompettes, le Motif de l’Or du Rhin et la scène se termine par les thèmes du Renoncement et de l’Anneau. La 2e scène se déroule dans le château du Walhalla où le dieu Wotan chante la gloire de la demeure et Fricka lui rappelle sa promesse aux géants qui ont construit le château. Quand les géants apparaissent, on entend leur Motif lourd et puissant. Dans la 3e scène, on entend, au début et à la fin, le Motif des forges du Nibelung (des bruits d’enclumes frappées). A la fin de la 4e scène, on trouve la magnifique scène de « L’entrée des dieux au Walhalla ». A l’appel de Wotan, Donner fait jaillir un éclair et le tonnerre, un arc-en-ciel apparait (des harpes accompagnent l’orchestre pour jouer ce Motif) puis vient le thème majestueux du Walhalla et le thème éclatant de l’épée. Wotan rejette l’appel des Filles du Rhin et dans un fracas imposant de l’orchestre, les dieux entrent au Walhalla. « Die Walkure » (La Walkyrie): Après un bref prélude orageux où l’on entend les thèmes de l’orage et du dieu Donner, au 1er acte, avec l’entrée de Siegmund, son Motif est introduit ainsi que celui de la Compassion de Sieglinde. Le sommet de cet acte commence avec la scène où Siegmund réclame l’épée promise par son père, Motif qu’on entend d’abord tout bas et en mode mineur, puis éclatant en mode majeur. Après le chant d’amour entre Siegmund et Sieglinde et le très beau chant du printemps par Siegmund et alors que l’orchestre s’anime avec puissance, Siegmund arrache l’épée plantée dans un arbre, pendant que retentit, majestueux, le thème de l’épée. Le 2e acte raconte le combat entre Siegmund et Hunding. La walkyrie Brunnhilde veut protéger Siegmund, mais Wotan s’interpose et Siegmund est tué. Le 3e acte commence par la très célèbre « Chevauchée des walkyries ». Wotan doit punir Brunnhilde, sa fille préférée qui lui a désobéi. Il décide de l’endormir et de l’entourer d’un cercle de feu que seul un héros pourra franchir. Et c’est là, une des plus belles scènes de la musique lyrique « Les adieux de Wotan », « Der Auge leuchtendes Paar ». Il appelle le dieu du feu, Loge, qui fait jaillir les flammes. On entend le Motif du feu magique avec les flutes qui reproduisent le jaillissement des flammes, pendant que s’élève le thème du héros (Siegfried) qui sauvera la walkyrie. « Siegfried« : Sieglinde est morte après avoir donné naissance à Siegfried dans la forêt. Il est élevé par Mime, un gnome des Nibelung qui essaie de ressouder l’épée brisée de Siegmund sans y parvenir. C’est Siegfried qui ressoudera l’épée dans la forge. Pendant qu’il travaille, on entend son Motif, suivi de celui de l’épée. Au second acte, notons la scène très poétique appelée « Les murmures de la foret » où, au milieu du bruissement des feuilles, Siegfried parle à un oiseau, symbolisé par le jeu des flutes. Cet oiseau va le guider à travers la forêt, jusqu’au rocher où repose Brunnhilde, entourée par les flammes. La dernière scène où Siegfried la délivre et la prend dans ses bras est aussi l’une des plus belles de la musique lyrique, avec les thèmes de la fin de « La Walkyrie » qui reviennent. « Gotterdammerung » (Le Crépuscule des Dieux) commence par un prologue sombre et magnifique où les trois Nornes dévident l’écheveau de la Vie. Siegfried a donné à Brunnhilde l’Anneau et se prépare à voyager le long du Rhin. L’interlude orchestral « Voyage de Siegfried sur le Rhin » est un morceau de concert. On y trouve les Motifs de Siegfried, du Rhin, de l’Or du Rhin et de l’Anneau. Trompé par Gutrune qui lui a donné à boire un philtre d’amour, Siegfried oublie son amour pour Brunnhilde et son retour chez elle sera dramatique. Le motif de la Malédiction se mêle à ceux de Siegfried et de Brunnhilde. Le 2e acte commence par le Motif de la Haine des Nibelung. La scène où Hagen appelle les vassaux pour célébrer des mariages « Hoi ho… » est irrésistible et grandiose. Au 3e acte, quand Hagen réussit à tuer Siegfried, retentit la célèbre « Marche funèbre » où l’on entend les Motifs du Destin, de l’Amour, de l’Epée et de Siegfried. A la fin du 3e acte, « l’Immolation de Brunnhilde » est la conclusion grandiose de ce drame. Montée sur son coursier, elle enflamme le bucher où repose Siegfried et s’y jette, pendant que le Rhin déborde et engloutit le Walhalla qui s’écroule. La cantatrice Kirsten Flagstad en a donné une magnifique version dirigée par Wilhelm Furtwaengler. « Parsifal » est inspiré de Chrétien de Troyes. Il commence par un prélude où l’on entend trois thèmes religieux: celui du Saint Sacrement, du Graal (l’Amen de Dresde utilisé par Mendelssohn dans sa symphonie N.5 « Réformation ») et le Motif de la Foi. Parsifal est le père de Lohengrin et le Motif du Cygne de Lohengrin sera présent dans l’œuvre. On trouvera aussi les Motifs du Baptême, de la Contrition… et un très beau morceau orchestral « L’Enchantement du Vendredi Saint ».

Compositeurs Romantiques Français

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Charles Gounod

charlesgounodNé à Paris en 1818, d’un père peintre et graveur, qui mourut cinq ans plus tard et d’une mère qui enseignait le piano, il entra au Lycée St Louis en 1829. Après avoir assisté à l’Othello de Rossini et au Don Giovanni de Mozart, il décida de devenir musicien. En 1836, il commença à étudier la musique avec Reicha et Halévy et la composition avec Lesueur. En 1839, il remporta le Grand Prix de Rome et partit en Italie. Il composa une première messe. En 1840, il rencontra Fanny Mendelssohn Hensel, qui lui fit découvrir la musique allemande. En 1841, il composa une seconde messe qu’il dirigea à l’église St. Louis des Français, à Rome. L’année suivante, il se rendit à Vienne où il assista à La flute enchantée de Mozart, puis il rencontra Félix Mendelssohn à Leipzig. De retour en France, il se fit abbé à St Sulpice, entre 1847 et 1850. Après avoir quitté ses habits religieux, il épousa, en 1852, la fille de Zimmermann, professeur au Conservatoire. Son beau-père mourut l’année suivante et en 1855, Gounod fit représenter sa « Messe de Sainte Cécile » à sa mémoire.
En 1857, il composa son chef d’œuvre, l’opéra « Faust » qui fut créé en 1859 au théâtre Lyrique avec un grand succès. En 1863, il écrivit un autre opéra « Mireille » inspiré d’un poème de Frédéric Mistral, qui fut représenté l’année suivante au Théâtre Lyrique, sans succès. Par contre, son « Romeo et Juliette », représenté au Théâtre Lyrique en 1867, remporta un grand succès. En 1878, fut créé « Polyeucte », d’après la pièce de Corneille, au Théâtre Garnier. Il composa aussi deux trilogies sacrées, « Rédemption » représenté en 1882 sous sa direction à Birmingham et « Mors et Vita », représenté dans la même ville. Il mourut à Paris en 1893.
Opéras: « Faust » inspiré du Faust de Goethe, sur un livret de Barbier et Carré, cet opéra commence par un bref prélude qui reprend la musique de l’air « Avant de quitter ces lieux ». Au 1er acte, le savant Faust, désespéré par sa recherche de la vérité qui n’aboutit pas, appelle Satan à son secours. Méphistophélès apparait et propose à Faust la richesse et la puissance en échange de son âme. Au 2e acte, notons l’air mélodieux « Avant de quitter ces lieux chanté par Valentin (baryton) frère de Marguerite. Méphistophélès (basse) entonne l’air entrainant en mode mineur « Et Satan conduit le bal ». Au 3e acte, Faust (ténor) chante l’air très beau « Salut demeure chaste et pure », puis vient le fameux « air des bijoux » chanté par Marguerite. Au 4e acte, notons le célèbre et martial chœur des soldats et à la fin du 5e acte, le magnifique trio « Anges purs, anges radieux ». Dans « Romeo et Juliette » inspiré de Shakespeare, on connait l’air chanté sur un rythme de valse par Juliette, « Je veux vivre dans ce rêve qui m’enivre », dont on peut dire qu’il jure un peu par sa légèreté, dans un sujet si dramatique.

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Edouard Lalo

edouardlaloNé à Lille en 1823, il étudia le violon au Conservatoire de sa ville, puis se rendit à Paris à l’âge de seize ans pour continuer ses études musicales avec François Habeneck, qui avait été aussi le professeur de Berlioz. Il fut soutenu dans ses compositions musicales par Charles Gounod. Il composa un concerto pour violon et un concerto pour violoncelle, mais son œuvre la plus célèbre est la « Symphonie espagnole » qui est en fait un concerto pour violon écrit à l’intention du grand violoniste espagnol Pablo de Sarasate. Son opéra « Le roi d’Ys » fut créé en 1888 et il est rarement joué, à part sa belle ouverture. Il composa également un ballet « Namouna », œuvre intéressante dans ce genre et qui avait été apprécié par Claude Debussy. Il mourut à Paris en 1892. La musique de sa « Symphonie espagnole », qui emprunte des thèmes au folklore de ce pays est riche en mélodie et en rythme, ainsi que dans son orchestration
On pourrait également citer Ambroise Thomas, dont un seul opéra est resté connu, bien que rarement représenté de nos jours « Mignon », d’après « Wilhelm Meister » de Goethe. Il a aussi composé un « Hamlet » inspiré de la tragédie de Shakespeare.


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8 Responses to “Chapitre 18: Musique Lyrique”

  1. Jonelle Veselic 8 février 2010 at 12 h 13 min # Répondre

    umm… I am not

  2. Youlanda Franzese 9 février 2010 at 12 h 25 min # Répondre

    umm… I am not

  3. Livadiotti Roberto 17 février 2010 at 18 h 20 min # Répondre

    What are you not?

  4. Françoise (40) 15 avril 2010 at 20 h 33 min # Répondre

    Cher Roberto,
    Nous avons entendu hier mercredi sur RC « Parsenal ». Nous connaissions probablement, mais n’y avions pas prêté autant attention. Nous avons trouvé le passage entendu absolument magnifique.
    Bonne soirée.
    Je vous embrasse.
    Françoise

  5. Françoise (40) 15 avril 2010 at 20 h 34 min # Répondre

    « Parsifal » ! Décidément … je dois être fatiguée !

  6. Livadiotti Roberto 16 avril 2010 at 13 h 14 min # Répondre

    Oui,Françoise,c’était bien le prélude de Parsifal dont je connais des extraits.C’est sublime,mais je connais mieux « Les Maitres Chanteurs de Nuremberg », »La Tetralogie » et « Tannhauser ».

  7. Livadiotti Roberto 30 mai 2010 at 22 h 59 min # Répondre

    Comme vous,je trouve que les opéras de Verdi,à partir de « La Forza del Destino » sont plus achevés que ceux de sa jeunesse,mais j’aime aussi « Le Trouvère » et « La Traviata » malgré leurs imperfections,à cause de leurs nombreux passages intéressants et de leur concision.Parmi les compositeurs allemands,je crois que Wagner ne portait pas Verdi aux nues,que R.Strauss avait dit de « L’Aida » que c’était une « musique de peau-rouge »,mais il me semble que Brahms avait apprécié des oeuvres de Verdi. Je crois que R.Strauss avait plus d’affinités avec la musique française qu’avec l’italienne.

  8. Livadiotti Roberto 31 août 2010 at 10 h 50 min # Répondre

    If you like it,come back.

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