Chapitre 1: Moyen-Age

Moyen-Age et Naissance de la Polyphonie

La musique, qui dans les premières assemblées chrétiennes du début du Moyen-âge avait subi l’influence juive se limitait à des hymnes où seule intervenait la voix humaine. Plus tard vint aussi l’influence grecque dont la langue fut utilisée ainsi que le syriaque. Ces deux langues seront remplacées par le latin, surtout en Occident, à partir du milieu du IVe siècle. La Grèce développa la musique des troubadours, des chants coraux et des hymnes religieux. Elle fut sans doute la première à utiliser des notations musicales. Des chœurs avec même un accompagnement par des instruments primitifs enrichissaient les représentations théâtrales des grands poètes tragiques tels que Eschyle, Sophocle et Euripide. Les Romains reprirent la suite en introduisant des instruments d’accompagnement plus fortement sonores.

Le pape Grégoire Ier le Grand (590 – 604) contribua à organiser les chants liturgiques selon les fêtes et à purifier le chant romain en le débarrassant du chromatisme des cantilènes orientales. Le terme de grégorien ne commença à s’appliquer que vers le VIIIe siècle aux chants de l’ordinaire de la messe qui comprennent le Kyrie, le Gloria, le Sanctus, le Credo, et l’Agnus Dei. Mais, outre la liturgie de la messe, le grégorien comprenait aussi les hymnes, matines, vêpres, etc. Son caractère dépouillé et dépourvu de polyphonie le rend monotone.

On ne saurait dire avec précision à quelle époque est née la polyphonie, même si l’on croit qu’elle a existé sous une forme rudimentaire dans l’Antiquité chez les grecs et les romains. Elle commença à se développer au XIIe siècle, les voix d’accompagnement dans le grave prirent de plus en plus d’importance et la polyphonie s’enrichit. C’est le cas de la célèbre messe à quatre voix de Guillaume de Machaut.

 

Guillaume de Machaut

machault2Né dans la région de Reims vers 1300, fut employé par le roi Jean Ier de Bohème, de 1323 à 1346. Il accompagna sans doute le roi dans ses campagnes à travers l’Europe. Il devint prêtre, puis chanoine à Verdun en 1330 puis de Reims où il s’établit et vécut ses dernières années, écrivant des poèmes et composant des ballades, des rondeaux et des chants royaux. Dans le domaine de la musique religieuse, il composa des motets et la « Messe de Notre-Dame », qui est la première messe polyphonique à quatre voix, œuvre d’un seul compositeur. Elle est grandiose et austère avec parfois des rythmes dansants. Elle peut être considérée comme l’un des sommets de la musique médiévale et un chef-d’œuvre universel. Guillaume de Machaut domina « l’Ars Nova » ou art nouveau inauguré en France par Philippe de Vitry (1291 – 1361). Machaut mourut en 1377.

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Guillaume Dufay

dufayNaît à Cambrai vers 1400 dans une région qui se trouvait sous l’influence des ducs de Bourgogne, faisant partie de la Wallonie à l’époque. En 1419, il fut embauché par le prince Malatesta et envoyé à Rimini, en Italie. Puis, il devînt chantre à la chapelle papale et fut ordonné prêtre en 1428. Il séjourné à la cour de Savoie puis à Rome. En 1436, il composa le motet « Naper rosarum flores » pour l’inauguration de la cathédrale de Florence, « Santa Maria del Fiore » et du dôme de Brunelleschi. Il s’installa définitivement à Cambrai, sa ville natale, et y resta jusqu’à sa mort, vers 1474. Son œuvre comprend principalement un Requiem (probablement le premier du genre) neuf messes dont les plus connues sont la « missa sine nomine », et la « Messe de l’homme armé », dans laquelle l’unité thématique et rythmique entre les différentes parties (Kyrie, Gloria, Credo…) devient de plus en plus réelle, ainsi que des Magnificat des motets, des ballades…

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Johannes Ockeghem

ockeghemc(aussi Jean de; noms: Okeghem, Ogkegum, Okchem, Hocquegam, Ockegham, d’autres noms sont aussi rencontrés). Naît à Saint Ghislain, près de Mons, vers 1420. Comme Dufay, Obrecht, Josquin des Près, il fait partie du groupe de compositeurs franco-flamands de la Renaissance. Après un bref passage à la cathédrale d’Anvers où il fut chapelain-chantre, il fut musicien à la cour des rois de France Charles VII, Louis XI et Charles VIII. Son Requiem est le premier exemple connu du genre dans le style polyphonique, celui de Dufay ayant été perdu. Il mourut en 1497. L’essentiel de son œuvre est religieuse et comprend plusieurs messes et des motets.

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Jacob Obrecht

obrechtCompositeur néerlandais né vers 1450 à Berg-op-zoom. Il étudia la théologie et fut ordonné prêtre, puis nommé maître de la cathédrale de Cambrai en 1484. Il voyagea en Italie en 1489 à l’invitation du duc de Ferrare, une deuxième fois en 1504 et y mourut lors de l’épidémie de peste en 1505. Il composa des messes et des motets. La fluidité des mélodies et la stabilité des harmonies dénotent l’influence italienne.

On peut citer aussi le plus grand compositeur anglais de l’époque, John Dunstable, qui eut pour élèves Dufay et Ockeghem.

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Josquin des Prés

despres2Né à Beaurevoir vers 1450, il est aussi un compositeur franco-flamand de la Renaissance. Figure centrale de son époque, il fut considéré comme le plus grand maître dans le style polyphonique. D’abord chanteur à la cathédrale de Saint-Quentin il le devînt ensuite à la cathédrale de Milan de 1459 à 1472, puis au service de Galazzo Maria Sfiza vers 1474. Entre 1486 et 1494, en tant qu’attaché à la chapelle pontificale, il voyagea de Milan à Plaisance, à Rome, à Florence, puis à Paris.

C’est vers 1503 lorsqu’il était au service du duc de Ferrare, que Josquin des Près composa son « Miserere » ainsi que la « Missa Hercules Dux Ferrarix », qui sont parmi ses œuvres les plus célèbres. Son œuvre est caractérisée par le développement du contrepoint qu’il avait probablement étudié avec Ockeghem. Elle comprend des messes à quatre ou cinq voix, dont la « Messe de l’Homme armé », la « Messe Pange lingua », et celle déjà citée, du Duc de Ferrare, et aussi des motets, dont « Pater Noster », « Ave Maria », « Miserere », etc.

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Roland de Lassus

delassus(aussi connu sous le nom de: Orlandus Lassus, Orlando di Lasso, Roland de Lassus, ou Roland Delattre). Né à Mons en 1532, il fait aussi partie de cette famille de compositeurs franco-flamands. Il étudia la musique dès son plus jeune âge, devînt choriste à la paroisse de Saint Nicolas, puis remarqué par Ferdinand Ier de Gonzague rentra à son service en Sicile. En 1553, il fut nommé maître de chapelle à Rome et en 1563, à Munich où il resta jusqu’à sa mort en 1594 mais entretemps il fit plusieurs voyages, dont un à la cour de Charles IX, à Paris. Son œuvre comprend des chansons profanes, mais aussi beaucoup de compositions religieuses, dont environ 700 motets à huit à douze voix une cinquantaine de messes, une trentaine de Magnificat. Elle est caractérisée par l’emploi de motifs assez brefs, une richesse de rythmes, la recherches de contrastes et de certaines dissonances, ainsi que l’utilisation du contrepoint.

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Giovanni Pierluigi da Palestrina

palestrinaNé à Palestrina près de Rome vers 1525 il passa la plus grande partie de sa vie à Rome. Choriste à Sainte Marie-Majeure il devînt « maestro di cappella ». En 1550, le pape Jules III le nomma directeur de musique de la basilique Saint Pierre de Rome. Il devînt le premier compositeur italien de messes, ceux qui l’ont précédé étant originaires comme on l’a vu, des Pays-Bas, de France ou d’Espagne. Le pape Paul IV ayant demandé la démission de tous les musiciens mariés ou qui avaient écrit des œuvres profanes, Palestrina dut quitter le Vatican. Il prit alors la direction musicale de Sainte Marie-Majeure. Mais en 1571, il retourna à Saint Pierre et y resta jusqu’à la fin de sa vie en 1594. A cause de la peste, il perdit son frère, ses deux fils et sa femme, mais plus tard se remaria à une riche veuve et put se consacrer entièrement à la composition. Victor Hugo le considérait comme le père de toute la musique chrétienne.

Son œuvre comprend plus d’une centaine de messes, dont la célèbre « Messe du pape Marcel » avec son caractère grandiose et solennel, des centaines de motets dont les Impropères du Vendredi Saint, un Magnificat, les « Lamentations de Jérémie » et des madrigaux spirituels et profonds. Palestrina est sans doute un des plus grands musiciens du XVIe siècle. Sans être un grand novateur, il perfectionna le style polyphonique de ses prédécesseurs franco-flamands. Il y a déjà chez lui, un bon équilibre entre contrepoint et harmonie, qui pourrait déjà annoncer Jean Sébastien Bach.

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Tomas Luis de Victoria

victoriaCompositeur espagnol né à Avila vers 1548, fut enfant de chœur à la cathédrale de cette ville, connut sans doute Sainte Thérèse d’Avila et étudia la théologie chez les Jésuites en vue du sacerdoce au Collegium Germanicum de Rome. Maitre de chapelle de 1573 à 1578, il fut entretemps ordonné prêtre. Son premier recueil de musique fut publié en 1572. Il retourna en Espagne en 1596 où il fut nommé chapelain personnel de l’impératrice Marie, sœur de Philippe II et organiste au couvent des Descalzas Reales de Madrid. Il y mourut en 1611.

Son œuvre comprend vingt messes de quatre à seize voix, des motets, des hymnes, les « Litanies Beata Vergine », le monumental « Officium Hebdomadae Sanctae » composé à Rome en 1585. Il fut un pionnier dans l’utilisation d’instruments d’accompagnement pour la musique sacrée, tels l’orgue ou les instruments à cordes et à vent. Sa musique dans laquelle prédominent les modes majeurs, traduit sa grande espérance chrétienne et sa grande ferveur mystique.

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William Byrd

byrdCompositeur anglais, né vers 1543, fut organiste à la cathédrale de Lincoln en 1563. En 1572, il fut nommé gentilhomme de la Chapelle Royale. Fidèle au catholicisme, il publia trois recueils de motets en latin, les « Cantiones Sacrae » en 1575 et des Psalmes, Sonets and Songs en 1588.

Installé avec sa famille dans un village de l’Essex, il y resta jusqu’à sa mort en1623. Il publia ses trois « Messes ordinaires “entre 1592 et 1595, puis ses deux livres de « Gradualia » entre 1605 et 1607.

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Andrea et Giovanni Gabrieli

gabrieliandreaCompositeur italien né à Venise en 1510, Andrea Gabrieli fut chantre à la basilique Saint Marc, puis organiste à la cathédrale de Vérone vers 1550.

Il voyagea en compagnie de Roland de Lassus en Bavière, en Autriche et en Bohème, puis retourna à Venise où il resta jusqu’à sa mort en 1586.

Son œuvre comprend des messes à six voix, des motets, des psaumes, des Concerti de six à seize voix avec ou sans instruments d’accompagnement.

gabrieligiovaniSon neveu Giovanni, né aussi à Venise vers 1577, lui succéda comme organiste à la basilique de Saint Marc. Il acquit une renommée européenne après son séjour à Munich de 1575 à 1579. Il mourut à Venise en 1612. Parmi ses élèves, il y eut Heinrich Schutz, un des plus grands représentants de la musique allemande avant Bach. Son œuvre comprend des « Sacrae symphonie », des motets, des œuvres instrumentales, des madrigaux, des « Intonazioni e ricercari » pour orgue. Comme Andrea, Giovanni Gabrieli augmenta le nombre de voix dans les motets, composa pour double ou triple chœur, fit entrer encore plus d’instruments dans l’accompagnement des chœurs et donna ainsi à sa musique, des accents majestueux et un coloris instrumental majeur.


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