Chapitre 20: Compositeurs Russes

Les Compositeurs Russes

Les compositeurs russes de l’époque romantique se distinguent des compositeurs occidentaux par leur style très slave, mis à part Tchaïkovski lequel, tout en gardant son âme russe, se rapproche plus que ses compatriotes de la musique européenne. Ce fut Mili Balakirev qui créa le « groupe des cinq » comprenant à part lui, Borodine, Moussorgski, Rimsky-Korsakov et César Cui, groupe qui devait développer la musique nationale russe.

 

Mikhail Glinka

mikhailglinkaConsidéré comme le fondateur de la musique russe, il naquit en 1804 à Novospasskoïe. Il fit un voyage en Italie où il découvrit la musique de Rossini et rencontra Bellini et Donizetti. Au cours d’un voyage à Paris, il rencontra Berlioz et Mendelssohn et travailla la composition musicale à Berlin, avec Dehn, un élève de Beethoven. Rentré en Russie, il fit représenter son opéra « La vie pour le tsar » à Saint-Petersbourg en 1836 et « Russlan et Ludmilla » en 1842. Au cours d’un séjour à Berlin, il tomba malade et mourut en 1857. On connait surtout ses opéras: « La vie pour le tsar » où l’on retrouve l’influence de Rossini dans l’ouverture et dans le dernier acte, des chants du répertoire populaire; « Russlan et Ludmilla » inspiré de Pouchkine est imprégné du folklore slave dans ses danses et ses chœurs et contient des passages de musique orientale.

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Alexandre Borodine

borodinNé en 1833 à Saint-Petersbourg, il apprit très jeune la flute et le piano. Il fit des études de médecine, fut engagé comme professeur de chimie à l’Académie militaire et voyagea souvent pour des congrès en Belgique, en Allemagne, en Italie et en France. Au cours de ses voyages, il découvrit la musique de Schumann, Chopin, Liszt et Wagner. En 1862, il rejoignit le « groupe des cinq » et composa un quintette en ut mineur. En 1867, il acheva sa 1e symphonie et en 1869, sa 2e symphonie, la plus connue. Son opéra « Le Prince Igor« , commencé en 1869, ne fut représenté que trois ans après sa mort en 1887 dans sa ville.

Œuvres: La 2e symphonie en si mineur op.5 dite « Epique » fut commencée en même temps que « Le prince Igor » et on y trouve d’ailleurs certaines ressemblances avec les thèmes de son opéra. Le poème symphonique « Dans les Steppes de l’Asie Centrale« , composé en 1880, décrit le passage d’une caravane dans une steppe désertique du centre de la Russie, pendant qu’un chant russe s’élève, suivi d’une mélodie orientale. « Le prince Igor« , opéra resté inachevé après sa mort, fut complété avec l’orchestration des parties inachevées, par Rimsky-Korsakov et son disciple Alexandre Glazounov. Dans cette œuvre, les passages les plus célèbres sont les « Danses polovtsiennes » de la fin du second acte, souvent jouées séparément en concert, magnifique morceau orchestral qui contient « l’orgie barbare » puissante et rythmée et un second motif, très belle mélodie empreinte de caractère russe et oriental.

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Modeste Moussorgski

mussorgskyDescendant d’une famille de la noblesse russe, Moussorgski naquit à Karevo en 1839. Il entra à l’Ecole de Cavalerie militaire à l’âge de dix-sept ans, mais trois ans plus tard, il démissionna pour se consacrer à la musique et rejoignit le « groupe des cinq ». En 1861, il dut passer deux ans à la campagne avec son frère pour gérer les biens familiaux et deux ans plus tard, il composa sa première œuvre, l’opéra « Salammbô », d’après le roman de Gustave Flaubert, ouvrage qui resta inachevé. En 1867, parut son célèbre poème symphonique « Une nuit sur le mont chauve » orchestré par Rimsky-Korsakov. En 1869, il travailla dans l’administration pour subvenir à ses besoins, mais en même temps, il commença la composition de l’opéra « Boris Godounov », d’après le drame de Pouchkine, révisé en 1872 et réorchestré plus tard par Rimsky-Korsakov. En 1874, il composa le cycle de pièces pour piano « Les tableaux d’une exposition » dont l’orchestration la plus connue est celle de Maurice Ravel. Entre 1872 et 1880, il travailla sur son second opéra « La Khovantchina » qu’il ne put achever, sa santé s’étant dégradée, surtout à cause de l’alcool. Il mourut en 1881 à l’Hôpital militaire de Saint-Petersbourg.

Œuvres: « Boris Godunov » est un opéra qui raconte un épisode de l’Histoire de la Russie au début du XVIIe siècle. Boris, premier ministre du tsar Feodor, fait assassiner Dimitri, l’héritier légitime et devient lui-même tsar, après la mort de Feodor. Il est acclamé par le peuple, mais la situation du pays se dégrade et Boris, tourmenté par sa culpabilité, meurt en demandant la grâce divine. La partition est imprégnée du style de la musique populaire russe que connaissait bien le compositeur et se distingue nettement de l’opéra allemand et italien. Moussorgski cherche à créer des mélodies proches du sens des paroles. Notons la scène majestueuse du couronnement de Boris, avec les cloches qui sonnent et le peuple qui chante les louanges du tsar; le long monologue de Boris, au 2e acte: « J’ai atteint la plus grande puissance », où l’on entend le thème de sa mort et celui de sa culpabilité et au dernier acte, la scène dramatique de sa mort, pendant que le chœur des moines prie pour le repos de son âme. « La Khovantchina » est un opéra inspiré des évènements qui eurent lieu lors de la Révolte de Moscou en 1682. C’est une œuvre musicalement plus riche que l’opéra précédent. Le poème symphonique « Une nuit sur le mont chauve » est inspiré d’une nouvelle de Nicolas Gogol qui traite d’une nuit de sabbat des sorcières. Il commence par l’évocation des voix souterraines, l’apparition des esprits des ténèbres et enfin le sabbat des sorcières. « Les tableaux d’une exposition » sont un cycle de dix pièces de piano inspirées par dix tableaux du peintre Hartmann, ami du compositeur et qu’on écoute le plus souvent dans leur version orchestrée par Ravel. Ils commencent par une « Promenade » (allegro giusto) et finissent par le majestueux « allegro », « La grande porte de Kiev ».

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Nikolai Rimsky-Korsakov

rimskykorsakovNé à Tikhvin, près de Saint-Petersbourg, en 1844, très doué pour la musique, tout en faisant ses études à l’Ecole Navale, il poursuivit ses études musicales. Il s’était engagé dans la marine russe, mais en 1861, son professeur de musique le présenta à Mili Balakirev qui l’encouragea à devenir compositeur. Après un voyage de trois ans en mer pour une mission, il rentra dans son pays où Balakirev fit exécuter sa première symphonie (1865) qui connut un grand succès. Entre 1867 et 1868, il composa deux poèmes symphoniques « Sadko » et « Antar ». La même période, il fit la connaissance de Tchaïkovski. En 1871, alors qu’il logeait dans un même appartement avec Moussorgski, il l’aida pour l’orchestration de « Boris Godounov ». Il devint professeur au Conservatoire de Saint-Petersbourg et se maria. Après avoir composé une autre symphonie et des œuvres de musique de chambre, les années 1880 à 1888 furent les plus importantes de sa carrière, car en plus de deux opéras « Nuit de mai » et « Snegourotchka » sur des livrets écrits par lui-même, parurent ses œuvres orchestrales les plus célèbres: « Capriccio espagnol », « Shéhérazade » et « La Grande Pâque russe ». Il mourut à Lyubansk en 1908, un an après avoir composé son dernier opéra « Le coq d’or ».
Œuvres: Le « Capriccio espagnol » commence par une éclatante « alborada », danse festive espagnole, suivie par une mélodie jouée par les cors avec des variations sur cette mélodie et le retour de cette danse, dans une orchestration flamboyante et colorée. « Shéhérazade« , inspiré des « Mille et une nuits » est une œuvre orchestrale riche en thèmes, pour la plupart ayant une coloration orientale et représentant tour à tour: le sultan, la mer, le récit du prince, le jeune prince et la princesse, la fête à Bagdad… La conteuse est personnifiée par le violon sur un motif oriental, le prince par les bois et les cuivres et l’épisode du « jeune prince et la princesse » est interprété dans une ambiance plus calme par les cordes, les flutes et les clarinettes. On peut considérer ce poème symphonique comme un chef d’œuvre de musique à caractère oriental. Parmi ses opéras, notons « La Fiancée du tsar » qui raconte une histoire d’amour dramatique sous le règne d’Ivan le Terrible. C’est une œuvre profondément russe avec chœurs et orchestration amples et puissants. « La légende de la ville invisible de Kitège » est un opéra empreint de mysticisme chrétien, qui avait été parfois nommé le « Parsifal russe ». Du « Coq d’or » écrit sur un poème de Pouchkine, a été tirée une suite orchestrale riche et colorée qui reste en somme ce que l’on écoute le plus de cet opéra.

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Piotr Illitch Tchaïkovski

piotrilitchtchaikovskiCompositeur russe le plus complet, ayant abordé tous les genres et le plus occidentalisé parmi les musiciens russes de son temps, il naquit à Votkinsk en 1840. Très doué pour la musique, il commença à étudier le piano dès l’âge de cinq ans. Entre 1852 et 1858, il étudia la jurisprudence dans un collège de Saint-Petersbourg et continua en même temps à approfondir ses études musicales. La mort de sa mère en 1854, à cause de l’épidémie de choléra, l’attrista profondément et le renforça dans sa décision de se consacrer à la musique. En 1863, il abandonna le poste de fonctionnaire au Ministère de la Justice et continua ses études musicales avec Anton Rubinstein. Tout en remplissant sa fonction de professeur au Conservatoire de Moscou, il composa sa 1e symphonie « Rêves d’hiver » (1866). Sa célèbre ouverture-fantaisie « Romeo et Juliette » fut écrite en 1869. Entre 1872 et 1875, il composa ses 2e et 3e symphonies et son 1er concerto pour piano et orchestre. Vers la même période, il fit la connaissance de Nadejda von Meck, grande admiratrice de sa musique et qui allait devenir son véritable mécène en lui versant une pension alimentaire de 6000 roubles par an. Leurs relations devaient rester platoniques et épistolaires. Tchaïkovski termina la composition de son célèbre ballet « Le lac des cygnes », l’ouverture-fantaisie de « Francesca da Rimini » (d’après Dante), la « Marche slave » et les « Variations sur un thème rococo ». A propos de Wagner qu’il rencontra à Bayreuth en 1876, il écrivit que la musique de la Tétralogie était d’une richesse musicale trop abondante, sollicitant constamment votre attention, elle finit par la fatiguer.

En 1877, il composa sa 4e symphonie qu’il dédia à Madame von Meck. A cause de son homosexualité, son mariage avec une de ses anciennes élèves fut un echec complet. Son opéra le plus connu « Eugène Onéguine » fut représenté à Moscou en 1879. L’année suivante, furent publiées trois œuvres majeures: le « Capriccio italien », la « Sérénade pour cordes » et « L’ouverture solennelle 1812″. Il fit aussi plusieurs séjours à Paris. En 1888, il composa sa fameuse 5e symphonie, l’ouverture-fantaisie « Hamlet » et l’année suivante, le ballet « La belle au bois dormant ». Probablement choquée par la découverte de son homosexualité, son amoureuse bienfaitrice, Madame von Meck, cessa son aide et sa correspondance. Sa dernière symphonie N.6 dite « Pathétique » terminée, Tchaïkovski mourut quelques semaines plus tard, en 1893, à Saint-Petersbourg.

Ses œuvres: Ses trois premières symphonies sont peu connues, quoique comportant des passages intéressants. La « 4e symphonie en fa mineur » op.36 commence par une série de « forte » orchestraux où dominent les cuivres, symbolisant le destin qui frappe à la porte, comme dans la 5e de Beethoven. Le troisième mouvement est en grande partie joué en « pizzicati » par les cordes. La « 5e symphonie en mi mineur » op.64 est probablement la plus belle, la plus riche en thèmes d’une grande originalité et de caractère slave et symbolise également « la soumission totale devant le destin ». Un thème cyclique revient dans les différents mouvements et représente la « providence ». Le second mouvement est un « andante cantabile » d’une très belle mélodie, le troisième est en forme de valse et le dernier reprend le motif initial du début de la symphonie, qui finit en apothéose. La « 6e symphonie en si mineur » op.74, surnommée « Pathétique » par le frère du compositeur, commence par un sombre « adagio », éclate sur un « allegro non troppo » tragique et se termine par un « adagio lamentoso » empreint d’une grande tristesse, peut-être due à la séparation avec Madame von Meck. Le « 1er concerto pour piano en si bémol majeur » op.23, fut d’abord dédié au pianiste Nikolai Rubinstein, mais comme ce dernier l’avait jugé mauvais, le compositeur en modifia la dédicace au profit du chef d’orchestre Hans von Bulow qui le fit connaitre et depuis, cette œuvre est devenue populaire et d’écoute facile. Le « concerto pour violon en ré majeur » op.35, composé par Tchaïkovski pendant son séjour au bord du lac de Genève en 1878, reflète le climat heureux dans lequel devait se trouver le compositeur à cette époque-là. Il fait partie des grands concertos du répertoire. Le « Capriccio italien » est une œuvre populaire inspirée des mélodies italiennes entendues au cours de son séjour en Italie. « L’ouverture solennelle 1812 » composée la même année est une pièce orchestrale puissante et solennelle qui décrit la victoire russe sur Napoléon. Elle commence doucement par un chant militaire russe « Dieu, sauve ton peuple » puis les cors annoncent la bataille. La victoire française de la Moskowa est représentée par une ébauche de la « Marseillaise », mais à la fin, la victoire de la Russie est symbolisée par le son des cloches, les salves de canon et l’orchestre jouant l’hymne « Dieu sauve le tsar » qui retentit majestueusement. La « Marche slave » est aussi un morceau remarquable. De ses ouvertures-fantaisies, celle de « Romeo et Juliette » est sans doute la plus belle avec l’éclat orchestral dramatique intervenant après une introduction orchestrale sombre et calme et la fin magistrale sur un roulement de timbales prolongé. Citons également dans sa musique de chambre, ses trios et le sextuor « Souvenir de Florence« . Ses ballets « Lac des cygnes« , « Belle au bois dormant » et « Casse-noisettes » sont d’une belle musique facile et populaire. Parmi ses opéras, les plus connus sont « Eugène Onéguine » et « La Dame de pique« .

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D’autres Compositeurs

Mili Balakirev (1837-1910) fondateur du « groupe des cinq », est surtout connu pour son morceau pour piano « Islamey », considéré comme le morceau le plus difficile à jouer par les pianistes. Il est aussi l’auteur du poème symphonique « Tamara », dont le caractère oriental de la musique a pu avoir une influence sur le « Shéhérazade » de Rimsky-Korsakov.
César Cui (1835-1918) qui fit partie du « groupe » est l’auteur de pièces pour piano, de quatuors et d’opéras dont aucun n’est resté au répertoire.
Alexandre Scriabine (1871-1905) est surtout connu pour ses œuvres pour piano: sonates, préludes, impromptus, mazurkas, valses, poèmes, etc. Il subit l’influence de Chopin. Ses œuvres les plus remarquables sont: le poème « Vers la flamme » op.72 et l’étude op.8 « Pathétique ».
Alexandre Glazounov (1865-1936) prit des leçons de musique avec Rimsky-Korsakov et l’aida à terminer l’opéra « Le Prince Igor » de Borodine. Il est l’auteur de 8 symphonies peu connues de nos jours, deux concertos pour piano, un pour violon, des quatuors à cordes et deux ballets: « Raymonda » et « Les saisons ».

 


 

 

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One Response to “Chapitre 20: Compositeurs Russes”

  1. Françoise (40) 21 avril 2009 at 20 h 54 min # Répondre

    Ah … Tchaïkovski ! Je l’aime vraiment beaucoup. Son concerto n° 1 : une madeleine ; l’Ouverture Solennelle 1812 : m’émeut énormément (probablement un très, très ancien souvenir …) ; Le Lac des Cygnes, Casse-noisette, etc. En fait, j’apprécie pratiquement toute son oeuvre.
    Borodine: « Le Prince Igor » et « Dans les Steppes de l’Asie Centrale », c’est ce que je connais le mieux.
    Il est intéressant d’apprendre qu’il n’avait pas terminé « Le prince Igor » et que celui-ci fut complété par Rimsky-Korsakov et Alexandre Glazounov.
    A plus tard … je vais au chapitre 21 !

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